Du 23 juillet au 20 août, dans les pages "Et vous" du Monde (dans le journal et sur lemonde.fr), vous pouvez lire une série d'été consacrée aux "villégiatures perdues". Et chaque lundi, sur ce blog, un complément "transports". Aujourd'hui, pour se rafraîchir, une histoire de sports d'hiver.
Le ski, la famille et la voiture. Dans les années glorieuses, l’essor des sports d’hiver a coïncidé, en France, avec l'équipement automobile et le développement du réseau routier. Inaugurée en 1965, la petite et éphémère station de Varneige, au-dessus de Draguignan (Var), doit beaucoup à la civilisation de la voiture.
Claude Marin, aujourd’hui maire de La Bastide, la commune où se situe l’ancienne station, se souvient des week-ends d’affluence. Les voitures chargées à bloc montaient l’une derrière l’autre la petite route qui mène à la montagne de Lachens, le plus haut sommet du département du Var. La voie, qui serpente dans la forêt, grimpe sans faiblir et il est difficile de s'y croiser, comme on peut s'en rendre compte dans la vidéo ci-dessous et dont l'auteur est Jacques Thomas.
Cars scolaires. La route ne servait pas seulement aux voitures, mais aussi aux cars scolaires, qui acheminaient les écoliers de Toulon, Draguignan ou Saint-Raphaël. Regardez ici une image des autocars qui circulaient à l'époque. En outre, la montagne de Lachens étant dépourvue de nappe phréatique, des camions approvisionnaient régulièrement le chalet-hôtel en citernes d'eau potable.
Les abondantes chutes de neige qui tombent parfois sur les hauteurs ne facilitaient pas la montée. "C'était la galère", se rappelle Bernard Clap, aujourd'hui président (PS) de la Communauté de communes Artuby-Verdon, âgé d'une dizaine d'années au moment de l'inauguration de Varneige. "Il faut imaginer les 3 CV sur cette route quand il avait beaucoup neigé", s'exclame-t-il. Les véhicules patinaient, calaient, dérapaient, s'enfonçaient dans les congères, incapables de monter davantage ni de redescendre. Les chaînes fixées sur les roues, tout comme les chasse-neiges, n'étaient pas aussi performants qu'aujourd'hui.
Le décès du gérant, quelques années après le lancement de la station, a sonné le glas de cette expérience. Varneige fait désormais partie de ce que l'on appelle les ruines touristiques. M. Marin se demande si le projet aurait été viable à plus long terme. "Sans eau ni route d'accès, je le demande si les promoteurs n'ont pas vu trop grand", s'interroge le maire de La Bastide. Moralité : avant de lancer un ambitieux projet immobilier et touristique, toujours penser à la manière d'y accéder.
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